Carnet de voyage, attrape-rêves, à spirales, bleu, parfois orange, grimoire, autel des sacrifices, feuilles volantes, capturées et aplanies
Novembre est d’ordinaire muet comme une tombe et c’est bien normal : débuter le Jour des Morts n’incite pas aux bavardages.
Novembre, par ailleurs, m’évoque un toboggan givré qui plonge vers l’abîme, décembre incarnant un enfer très “The Good Place”, plein de plaisirs fades dont je me régalerais de loin, telle une petite fille aux allumettes qui observerait par la fenêtre feux de cheminées et cadeaux enrubannés.
Pourtant, cette année, je sais pas… c’était beau, Novembre !
La nuit s’est mise à traîner ses guêtres dans le jardin. Je me lève, elle est là, elle m’observe. Je rentre, elle rôde derrière les fenêtres. Elle se love dans les hautes herbes et attend le moment propice pour passer sous les menuiseries. Elle coule dans la maison dès 17h, sinue dans les recoins, se tapit sous les plaids, sous la couette, trône sur mon bureau, déborde de la gamelle du chat. Elle quitte le lycée vers 8h30, pour mieux investir la maison dès que je reviens du taf. Elle me suit, je m’en drape ; elle me fuit, je la renie.
Je lui ai offert des (lu)mignons – pas si efféminés, quoi que ça signifie ! Spectres à carreau, odeurs de cire, la nuit se tai(rre, avec ou sans grondement, retranchée en tout cas, derrière un reflet en cinémascope.)
Je pourrais écrire l’histoire d’un Novembre brumeux qui s’est dissipé, d’un Novembre maté sous mes talons gainés de glace. Ça aurait du sens et ce serait un joli storytelling pour survivre aux prochains. La vérité, c’est que Novembre m’a glissé entre les doigts pour mieux se recomposer ailleurs – là où je ne l’attendais pas.
C’était Novembre, qui porte toujours l’ambre, même si à l’auriculaire, donc un peu branlant.
Novembre, cette année tu m’as rappelé mon adolescence, avec tes bras parsemés de petites coupures et ta face grêlée d’espoirs.
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