Call the ships to port
a hundred clocks are ticking
the line becomes a circle
spin the wheel of fortune
or learn to navigate
Dimanche 15 septembre
Les rêves carambolent dévalent avalent le sens, la lune monte. Je funambule au-dessus des abîmes comblés. Le temps s’étire.
Il est midi et demi quand je me lève ces jours-ci. J’émerge d’un chaos de couverture et masque à sommeil constellé de visions pas tout à fait insensées. Je ne sais plus ce qu’elles racontaient, ça n’a pas d’importance. Je suis recouverte d’empreintes, je m’amuse à les découvrir au fil des heures qui
tombent
ricochent
se répondent.
Les mêmes voix, mais les échos sont légèrement déformés, chaque itération dit quelque chose d’un peu différent, mais ça ne me dérange pas, elles sont cohérentes.
Le soir j’écoute les chants des tréfonds, les notes remontent comme des gouttes de pluie à l’envers et moi je les saisis une à une et je les lâche, je descends tout au fond du puits comme ça, en tombant d’une note ascendante à une autre, ça me rend heureuse, ces mélodies venues d’en bas qui me donnent l’impression de voler.
Ce rire.
Pas une soif de meurtre ou de violence. Du cynisme, oui, la politesse du désespoir certainement, juste une évidence (pour moi) : un trop-plein d’oxygène, la démence de l’immensité, l’absurdité du vide et la beauté conséquente de celles-ci. Parfois, elles me rendent mon confort invivable. Et parfois c’est tout le contraire. Dans ces cas-là ma petite maison perdue aux confins de l’univers me paraît un cocon aussi invraisemblable que ma propre existence. Mais putain ce que ça fait du bien. Ce que ça me fait ressentir de gratitude.
Ces derniers jours je photographie la lumière. Enfin, j’essaie : quels que soient les réglages, mon appareil sublime ou absorbe les nuances, même il ne les rend jamais telles qu’elles sont. Sans doute une manière de me rappeler que c’est exactement ce que je fais en écrivant.
Mercredi 18 septembre
Savourer. J’adorerais que ce soit le verbe-guide de l’année prochaine, et je pourrais décider qu’elle commence maintenant, puisque les années scolaires rythment sans doute davantage ma vie que les calendaires. Mais j’aime aussi l’idée qu’il y ait d’autres chemins à explorer que celui de la vie professionnelle, quand bien même celle-ci est riche de bien plus qu’un « travail ».
Quoi qu’il en soit, ces dernières semaines, je savoure. Je ne regarde pas assez mes pieds, j’ai trébuché plusieurs fois (toujours dans les mêmes ornières, puisque).
J’ai dormi, dormi, et rêvé, des songes de rien, des bulles pleines de reflets qui éclatent au réveil.
J’ai persévéré.
Le temps et l’énergie. Quand tu ne bois pas, c’est ce que tu retrouves en premier. Je le relis, je me le réécris avec un certain émerveillement, sur plusieurs supports et en couleurs, parce que le cerveau préférera toujours ses vieilles habitudes, aussi sournoises soient-elles – merci Angoisse, pour tout…
Jeudi 19 septembre
Et admettre, aussi, que je les aime, mes muses, les maléfiques faméliques autant que les sirènes sereines.
Mercredi 18 septembre, 21h30
Depuis que j’ai commencé à méditer, et réussi à identifier ma voix méchante – elle existe bien à part, puisqu’il y en a une autre qui la reformule ou la contredit –, je me sens bien moins seule. Nous sommes plusieurs, à l’intérieur. Ça rend le fait d’écrire à la première personne du singulier un peu bizarre, peut-être, mais en fait non : ça n’empêche pas l’unité. Je est plusieurs. Je suis multiple. Ça me (nous) fait beaucoup de bien. Il y a une part de moi qui sourit en écoutant les dialogues de deux autres, celle qui ne peut pas s’empêcher de commencer à rédiger des billets blogs ou des entrées de journal, pendant que l’autre lui dit « mais arrête, enfin, on médite, là ! »
Il y a celle qui se fait des films, celle qui s’en rend compte, celle qui veut boire et celle qui ne veut pas, et Angoisse et Doute et Fureur, unes et multiples, comme un éventail qui se déploie.
Je me sens connectée à quelque chose de plus grand. Je suis quelque chose de plus grand.
Alors sans doute il y aura toujours des hauts et des bas, en fonction de qui parle le plus fort. Neurasthénie, rage et modération sont sur un ring. Convalescence, rechute ou statu quo ?
Ça me va parce que j’arrive de mieux en mieux à les écouter toutes. Avant, je ne savais même pas qu’une partie de moi aspirait au calme, ni même qu’on pouvait les mettre toutes en sourdine.
Je ne crois pas que je serai un jour quelqu’un d’équilibré, enfin, si, au contraire, je suis parfaitement équilibrée : je tiens toujours debout avec mon balancier aux extrémités duquel pendillent d’un côté mes pulsions auto-destructrices-que-je-ne-vois-pas-du-tout-comme-ça-quand-je-leur-cède et de l’autre mes rêves (d’)infinis. Il y aura toujours la fumée des clopes de la vapote, les bulles dans le verre à Champ’ et les soirées sobres enroulées sous la couette avec une tisane « Marchand de Sable » et une méditation dans les oreilles. Il n’y aura sans doute jamais, ou peut-être quand je serai très vieille et fatiguée, de mois entiers sans élixirs ni Amduscia, de mois entiers sans chialer devant Avant que l’ombre en live, de mois entiers à effectuer sagement mes étirements du soir en surveillant l’heure du coin de l’œil parce qu’il faut dormir au moins huit heures, sans ça tu le sais bien, que tu es fatiguée. Mais fuuuuuuck, soyons fatiguées alors.
Et le lendemain, on recommencera. L’abstinence et la retraite spirituelle, jusqu’à s’être assez bien reconstruites pour avoir le droit de s’écrouler à nouveau. Consolider : rendre plus ferme, plus stable. Ce ne sont pas des murs, que je consolidais, c’étaient ma volonté et ma liberté de refuser la tiédeur. C’est la Nath adolescente qui me sourit dans le miroir. Celle qui ne pouvait se résoudre ni à mourir ni à vivre – pas comme ça, en tout cas.
13 commentaires
Depuis l’autre côté du globe je te lis, et je pense que cet article fait partie de mes préférés que tu aies écrit.
Merci de partager cette entièreté, cela me fait beaucoup de bien à envisager.
<3
Merci <3
Je ne pensais pas forcément trouver un écho avec ce billet : c'est comme tu l'écrivais, on ne se rend pas compte en réalité de ce qui va toucher nos lecteurs !
Eh bien en tout cas moi c’est un texte qui me touche beaucoup…<3
♥
Alors. Je t’ai lue il y a.. deux heures je dirais. J’ai cherché pour le plaisir Avant que l’ombre en live. J’ai cliqué pour lire sous la vidéo. Et il y avait un lien. Vers ses concerts. J’ai cliqué.
Et je sais pas.
Il y avait des places. Le temps que je panique, elles ont disparu. Et il y a eu d’autres places. Le temps cette fois que mon mari se libère (il travaillait samedi). Disparition, d’autres places..
Bref. Grâce à toi, je vais à mon premier concert :D (mais je panique).
J’avais d’autres choses à te dire (tes photos sont magnifiques par exemple) mais j’ai mangé tout les mots. Oublié. Je pense que tu comprends.
J’ai lu ton commentaire et je me suis dit « quoi, il reste des places ? » alors que j’avais déjà bien statué avec moi-même sur le fait que je n’irais plus voir Mylène Farmer en concert, en tout cas pas au Stade de France. Je suis allée voir. Il en restait.
Bon, je n’irai pas, mais c’est passé à deux doigts, et uniquement parce qu’organiser un weekend à Paris pour la semaine prochaine nous a paru trop compliqué et tout de même un peu cher au vu des dépenses déjà effectuées.
(et comme ça m’aurait fait paniquer aussi, une part de moi se cache derrière ce « nan mais c’est trop compliqué ».)
Bref, je suis très heureuse de savoir que tu y vas. Si elle interprète Désenchantée, ou, peut-être, À quoi je sers… Pense à moi <3
Pourquoi plus le Stade de France ? Le monde de dingue, peut-être… ? (j’essaye de ne pas flipper).
C’est clair que là côté frais, c’est un peu dingue pour nous. J’ai un avantage dans cette histoire, je n’ai pas les frais de nuit : je suis hébergée chez ma meilleure amie (à Saint-Denis en plus, je vais rejoindre le concert à pied). Mais ça reste une dépense qu’on va essuyer longtemps, c’est sûr. Terminé les livres de carnet de voyage ^^ mais ça vaut le coup, je ne sais pas quand l’occasion pourra se présenter de nouveau pour moi.
Promis :D de toute façon, tu es irrémédiablement liée à cette folle sortie ^^ je vais penser à toi beaucoup samedi soir !
Ben, je n’ai jamais été au Stade de France en vrai, mais oui, ça me fait peur ^^ Et je croyais que je n’irai plus voir Mylène Farmer en live parce que j’aime plus ses chansons… Alors qu’en fait, même si c’est vrai, chaque fois il y a une partie de moi qui me dit « on s’en foooooout c’est Mylène » :D
Je ne sais pas si je suis désolée pour cette folle sortie (pas du tout) :P Ca me fait trop plaisir, ce que ça a créé d’enthousiasme, de ton côté semble-t-il mais aussi du mien (les connexions ;) <3)
Je comprends ^^
C’est exactement ce que je me suis dit, « je m’en fous c’est Mylène » :D Et puis elle rejoue forcément des anciennes au milieu des nouvelles, ça aide à se couler dans l’ambiance. J’ai aussi pensé que la vie passait à toute vitesse, qu’elle a soixante-deux ans, qu’un jour ça sera un « dernier concert », qu’on ne le saura pas. Et j’aurais raté ma chance. Tu n’as pas idée comme je te suis redevable. Je ne me suis jamais bougée pour allée la voir (la peur de la foule, du coup je vais au Stade bien sûr) et je sais que ça aurait été un regret immense.
Je me doute que tu n’es pas désolée du tout :D et tu as raison de ne pas l’être ^^ Je viens de nous ruiner, mais je n’ai aucun regret. Et j’aime profondément la connexion que ça a créée entre nous <3
De retour de Rennes, j’ai écouté (j’écoute toujours, en fait) ta playlist Monkey me. Si Tu ne le dis pas m’a renvoyé une vibe Tristana assez dingue, j’ai malgré tout assez vite zappé pour retrouver à rebours le confort des albums à partir de Point de suture. J’ai été heureuse de retrouver chez toi un certain goût pour ses titres les plus dance-pourrie (Oui mais non et Du temps ;)) et là je te bénis de me remettre Consentement dans les oreilles, ce texte est in-cro-yable. En même temps je m’aperçois que tu as mis Innamoramento en entier et les autres aussi à partir de là ^^
Breeef je m’étale, pardon. J’espère que ça se passera bien avec la foule, je suis sûre que oui. Respire, et surtout n’écoute pas ton réflexe de lutter contre Angoisse si elle se pointe. C’est mieux de cohabiter, de mon expérience en tout cas – et même si évidemment c’est plus facile à dire qu’à faire. Et arrime-toi à ton compagnon. Tu vas voir, ça va être génial :) <3
Dans la playlist, j’ai bougé quelques titres parmi les premiers, une seconde écoute n’a pas tenu la route. Je n’aime vraiment pas grand-chose de ces derniers albums, rien à faire. L’emprise est nullissime (comme je te disais sur l’autre post, je garde un titre par quoi… nostalgie ? On peut le dire quand c’est récent ça, nostalgie ?Parce que j’adore le film Donjons et Dragons (même si je ne comprends pas le rapport entre les paroles et le film, mais alors vraiment pas). Je viens de jeter un œil, il y a Ne plus renaître, pourquoi pas. Pas un engouement fou.
Tu sais que Point de suture m’était complètement obscur ? Jamais écouté lui, je suis passée à travers, je le découvre. C’est marrant, c’est la même ellipse que 2012, pour la même raison : première grossesse et naissance. De là à dire que les gamins font disparaitre le reste du monde, il n’y a qu’un pas (que je veux bien franchir).
Oui certains titres ne valent pas grand-chose en paroles mais je ne sais pas, j’adore la musique :’D J’assume XD
Oui, il y a un mélange de souvenirs-passé à partir de Innamoramento dont je ne peux me défaire, ça reste ses meilleurs albums. Pourtant lui quand il est sorti, je ne l’ai pas trouvé dingue sur le moment. Et puis si, je l’aime beaucoup. Bleu Noir n’était pas trop mal non plus. Et Avant que l’ombre est très beau, je ne comprends pas pourquoi cet album c’est si mal vendu, il lui ressemble pourtant.
Ensuite.. la débandade.
Je suis ravie du plaisir que la playlist t’a procuré en tout cas <3
Je me suis étalée, misère, pardon. On dirait un mail.
Je retiens ton conseil, merci. Si j'arrive à bien la garder à distance avant de rentrer, ça se gérera ensuite bien puisque les places sont assises, nominatives. Je n'arrive pas à savoir combien il y a de personnes attendues, les capacités du stade semble des sables mouvants.
J’aime aussi cet article (entre temps, je me suis perdue dans vos commentaires ^^ j’ai regardé quand était le fameux samedi, je vois que c’est demain, je ne l’ai jamais vue en concert, en fait je ne connais que peu de ses chansons, mais c’est une artiste que j’ai toujours eu envie de voir car ses spectacles ont l’air magnifique ! bon je me suis quelque peu égarée aussi)
Je dirais qu’à partir du moment, où on accepte qu’on est plusieurs, qu’on peut être multiple, l’équilibre arrive parce que moi aussi, je me sens plusieurs parfois et j’espère que ça ne va pas dire que je suis folle ^^
Savoure ! Savourons ! et Dame Ambre, j’espère que tu vas bien Savourer demain soir malgré Angoisse qui tente de s’incruster !
p.s : perso quand je tente de méditer, la voix qui parle serait plus du genre à dire « héééé réveille-toi on médite ! » 😆
J’ai savouré \o/ !!! C’était complètement dingue, Je te souhaite de la voir un jour, je n’ai aucun regret (à part celui de ne pas être allée la voir plus tôt)