Cet ambre dans ta bouche dilué
Une histoire de couleurs manquantes.
Espérant retrouver l’ambre au doigt d’Octobre, ses cheveux de brumes emmêlés dans les doigts fauves, sa redingote mouchetée et ses lèvres closes sur un sourire aussi léger que les âmes papillonnantes aux portes de Novembre.
Mais l’Auguste vorace, les commissures tâchées de pluie, des nuages entre les dents, ricane. Qui commença cette guerre ? Juillet, traînant son spleen jusque dans les quartiers de son éblouissant voisin ? Septembre alanguie, qui d’un ongle creva la splendeur estivale ? Octobre, quant à lui, manigançait dans son coin. Octobre ne se soucie pas de grand-chose, si ce n’est de la grande Parade.
Toujours est-il que les fiançailles sont compromises. Le Baron s’est reclus, et la Maîtresse crache des chatons argentés sous son dais de soleil.
Envie de danser sous la pluie de Novembre, puisqu’il en faudra, des nuits, pour recouvrer l’éclat roux des aubes. Dans les espaces interstellaires, repérer les fils intangibles de Lachésis, y accrocher des rêves, les laisser pendre au firmament tels d’argentins costumes d’Arlequin nocturne.
Je sollicite un endroit où dissimuler mes ombres trop nombreuses. Faute de refuge, elles me suivent. Mes semelles frappent le pavé ; elles s’assemblent, et boivent à la source de mes pas.
Princesse d’Ambre cherche sa marelle. Mayday ! Mayday !
Je dissimule mes lassitudes dans des bottes à talons carrés dont les motifs égarent tant les importuns que mes propres spectres. Mes os et tendons, eux, grincent sous ma peau. Jambe gauche, atrophiée, me répond peu, si ce n’est en grimaçant.
Un, trois, quatre, six… Paradis !
Envie de danser sous les feux de Septembre, puisqu’il en faudra, des aubes, pour recouvrer la pénombre !
Auguste, la poupée aux toupets oranges, possédait deux visages. L’un trop joyeux pour être honnête, soyons franc. L’autre versait des larmes de crocodile. Sa tristesse s’étoilait sur ses joues, donnant à son rictus un air de sourire inversé. C’était assez pour ne pas croire à ses mouvements. Janus perfide.
Entre juillet et janvier, les mois ne peuvent mentir, sans doute parce qu’ils ne sont que des numéros. Mais si Janvier arbore deux faces, il a volé l’une à Août.
Et Septembre, dans tout ça ? Septembre s’est égarée. Où sont passés les ciels d’ardoise traversés d’or ? Et la mélancolie soyeuse des aubes vaporeuses ? Mon prunier dégarni reste vaillamment debout au premier plan de mes rêveries trempées par les tempêtes ; il ne courbe pas non plus l’échine sous les températures printanières. Soit.
J’en balancerai, moi, des reflets cuivres et citrouille dans mes nuées anthracites, et de l’opale dans l’orange. Princesse d’Ambre je suis, alors des craies et des clefs pour dessiner et déverrouiller les chemin de la maison, j’en ai.