Coutures, os et scalpels
Strictement la même chose.
Je me sens triste. Je sais que c’est parce que je suis très fatiguée et qu’on est dimanche. Je n’écris pas pour partager mais pour me souvenir, parce que nous sommes le 31 août : au seuil de Septembre et d’une autre saison intérieure.
La lumière a changé, dernièrement.
En été je ne vis pas de mots mais d’instincts.
Je ne peux pas vivre ainsi éternellement, pas parce que la morale me l’impose, mais parce que sans les mots je m’étiole. Le temps s’efface, la chronologie se fragmente et moi aussi. Je m’étoile en éclats colorés, ici de l’indigo, là du rouge ou du violet. Il faut des mots pour couturer. Du sens glissé dans les interstices.
Un pis-aller, sans doute. Dans le miroir, je verrai un puzzle.
Septembre c’est un seuil, à l’orée d’un passage jonché de lumière et d’ombres, que mon corps soulevait en treille. Je savais que j’existais parce que j’observais les dessins arlequins sur ma peau.
Ils se fondent en moi quand je quitte le tunnel [2]. Je marque les emplacements, déjà des souvenirs, et j’écris sur ma peau les frontières et les gouffres.
Avec étonnement je réalise que je sais pourtant toujours très bien qui je suis. Avec ou sans les mots. Avec ou sans le sens. Et c’est ça, que je dois emmener de l’autre côté. Mais est-ce ça, que j’ai écrit ?
Sans doute que oui. Les mots sont des déclencheurs [3]. Des clefs. Je ne suis pas couverte de failles mais de serrures.
Je crois que je disparais en permanence. Quand les mots me manquent, quand ceux des autres m’ensevelissent. Mais je suis toujours là. Les mots sont mon ossature, ma structure, ma charpente, et le moyen de percer ma peau pour accéder au c(h)oeur. Je suis toujours là.
Je suis toujours là.
[1] Je teste. Si l’appli est détectée par ma voiture, je basculerai. Je trouve Deezer moins ergonomique que Spotify, et c’est plus cher, mais pour l’instant il semble que ce soit bel et bien une alternative à peu près éthique à Spotify. En plus, leur lecteur s’intègre correctement, LUI.
[2] Après les fleurs et le lac, crois-tu vraiment que l’été s’achève sur un rideau de théâtre ?
[3] La preuve en est que ce mot-là vient du roman de Thilliez que je suis en train de lire et que le prononcer me le remet instantanément en mémoire.