Motocultor 2025
Je ne sais pas comment te parler du Motoc’, mais j’ai très envie de le faire, alors je vais tenter un petit top 5 (des concerts du vendredi uniquement puisque c’est le seul jour où j’y étais) et on verra ce que ça raconte.
J’étais hyper flippée d’y aller, j’ai eu envie de faire demi-tour tout le long du chemin (pas très long :P) parce que j’avais le bide en vrac et des vertiges rien que d’y penser. Et puis sur place il y avait Alan et Rég’ qui nous attendaient sur le parking avec une bière, Franck qui avait imprimé sa propre version du running order avec des commentaires hilarants pour nous aiguiller parce qu’il avait TOUT écouté, Mu m’a rassurée et guidée tout du long et Ubik ne m’a pas lâchée une seule fois.
Sur place, j’envoie un texto à une fille que j’ai rencontrée en formation, lors de notre année de stage. La dernière fois qu’on a échangé, c’était il y a deux ans, justement parce que j’avais prévu de venir au festoche – mais j’ai renoncé, c’était l’année où on a écourté nos vacances à cause de mes premiers vertiges. On ne se connaissait pas plus que ça, juste j’avais senti qu’on avait des atomes crochus et lui avais proposé d’échanger nos numéros. Bref, je lui écris, elle est sur place, on se retrouve, tout simplement.
Ainsi commence mon premier bain de foule musical depuis un sacré bail.
(Je ne peux pas non plus te mettre de vidéos du Motoc’ puisque s’il en existe des officielles, elles ne sont pas encore en ligne et que je peux remercier le public d’avoir écouté plutôt que filmé.)
5
C’est l’avant-dernier concert qu’on ait vu, même pas en entier, et durant lequel Ubik et moi avons surtout rigolé parce que vraiment, d’après nous, Aðalbjörn Tryggvason chante comme une patate. Mais.
En vrac : Mu adore ce groupe, qu’elle a découvert ici même il y a deux ans. Eliness m’a aussi linké cette chanson, me semble-t-il (ou une autre, après tout qu’importe, en plus elle est d’accord pour dire que bon dieu le chant quoi :D). J’aime beaucoup l’instru. Régina (qui est tout sauf metalleuse) avance dans la foule pour écouter de plus près et en ressort en mode coup de cœur. Après le dernier concert, dont je parlerai plus tard, nous retrouvons Lucie, ma copine de formation, et son mec. Lui adore Sólstafir, et il dit à peu près la même chose que Mu : y’a une tristesse, dans cette voix… Lui adore, Lucie sans trop s’avancer me donne plutôt raison.
J’ai l’impression qu’avec ce chanteur ça passe ou ça casse, avec moi ça casse, mais je ne peux pas nier que c’était beau.
D’ailleurs, me revient maintenant qu’on a débattu de la qualité particulière des artistes islandais, Régina a dit que leur musique avait quelque chose de minéral. Ou organique ? Franck a fait observer que c’était contradictoire, mais Mu a avancé l’image de rochers couverts d’algues et comme Rég’ parlait aussi de quelque chose d’orgasmique, ce qui convenait à Mu qui trouve Sólstafir hyper sensuel, j’ai proposé « orgasnique ». Donc voilà, c’était un concert orgasnique, et des mélodies de vagues léchant la pierre. Et pour écrire ça j’ai écouté le morceau quinze fois, donc j’imagine que je peux rendre les armes et avouer : bon d’accord, c’est beau.
4
Immense plaisir que de découvrir Lacuna Coil en live, beaucoup plus par nostalgie que par amour du groupe. J’ai reconnu le single de Coma Lies dans lequel d’après moi Andrea Ferro chante pour la première fois, même si Wikipédia me dit qu’il le fait depuis 94, parce que je me souviens avoir pensé à l’époque « mon dieu ta gueule, laisse Cristina faire. » Pour moi, Lacuna Coil ce sera toujours ça, et ça c’est beaucoup de souvenirs et surtout d’émotions associées.
Je mets la reprise de Depeche Mode parce qu’à côté de moi j’avais Alan, qu’on était loin loin de la scène et que si quelqu’un pouvait illustrer le mantra de Zaho de Sagazan, « ne te regarde pas », ce serait Alan (qui comme Rég’ ne connait pas tous ces groupes), et qu’il a chanté/braillé le refrain chaque fois que Cristina Scabbia nous le demandait, et c’était au moins aussi génial et émouvant que tout le reste, même si j’étais trop étouffée par la crève et la foule pour l’imiter.
3
La vidéo que j’ai choisie date un peu mais illustre bien le fait qu’à mon grand désarroi, Mathias Lillmåns a vieilli tout comme moi, a cessé de tomber le haut et est plus sympa avec son public :D
Alan et Rég’ avaient quitté le concert que je mettrai en numéro 2, moi je l’ai abandonné pour qu’Ubik ne s’ennuie pas trop parce que ledit numéro 2 n’avait pas vraiment ses faveurs. On est donc allés voir Finntroll, dont j’avais dit que si Lillmåns était torse poil de toute façon j’irais ^^
Il n’était donc pas torse-poil, mais c’était un super concert : la scène sur laquelle Finntroll jouait bénéficiait d’un son exceptionnel que le numéro 1 de cette liste a illustré de telle façon qu’on a tous eu la chair de poule (pas que pour ça, certes.) Contrairement au concert qu’on avait vu il y a vingt ans à Québec, on entendait bien tous les instruments, y compris ceux enregistrés (ça a scandalisé Régina, que tout ne soit pas « live ».) La foule dansait, on était sur le côté et on voyait tout super bien sans être dans la masse. J’étais super contente de les revoir, qu’Ubik apprécie, bref, de voir ce groupe-là dans ces dispositions-là.
2
J’ai. vu. Dimmu. en live. Bon, pas longtemps, rapport à ce que je racontais plus haut. J’étais en train de dire à Ubik qu’on pouvait s’en aller s’il voulait, quand ont retenti les premières notes de The Serpentine Offering. À vrai dire il n’a fallu que la première pour que Mu et échangions un regard : on n’y avait jamais trop cru, à ce qu’ils la jouent.
CE MUR DE SON. J’ai eu l’impression de décharger toute l’angoisse, tout la raideur (je ne trouve pas de contraire à « laisser-aller », comme ça) qui m’avaient habitée depuis le début de la journée.
Dimmu incarne beaucoup de choses pour moi, en premier lieu d’être le groupe par lequel j’ai été introduite aux scènes extrêmes, totalement par hasard. Je me souviens des Vrais Metalleux de mon adolescence, selon lesquels Dimmu était trop mainstream et blindé de clavier pour être du « vrai » black, et bien que ça ne m’ait pas touchée au-delà du « faut-il être bête », j’ai été émue par deux gars dans le public, qui s’extasiaient de la puissance vocale de Shagrath. C’est bon d’être entourée de gens qui communient avec soi, de temps en temps.
Le Motoc’, c’est, m’a-t-on dit, 15 000 personnes par jour. Loin des gros festivals, très très loin du Hellfest. C’était parfait. Y’a un peu d’ombre si tu veux, tu fais pas la queue pour aller pisser en dehors de l’entre-deux-concerts, ni pour recharger ton bracelet qui te sert à payer tes conso, ni pour acheter celles-ci. Notre point de ralliement était le long du « mur », une bâche qui nous séparait de je ne sais quoi d’ailleurs, d’un bout du camping peut-être, entre les deux grosses scènes et les deux plus petites. On peut toujours s’échapper de la foule, le staff est incroyablement sympa, genre tout le monde te regarde dans les yeux plutôt que de te servir les politesses d’usage en pensant à autre chose.
Y retrouver Lucie semblait de l’ordre des choses. On s’est rejoints eux (elle et son conjoint, Alexis) et nous à plusieurs reprises, par hasard, et tout était naturel. La musique qu’on était venus écouter a servi de tampon social, j’imagine, et Alexis est clairement bien plus sociable que Lucie, Mu ou moi, mais il s’est joué autre chose, je crois, de l’ordre de la magie des tiers-lieux. À un moment, un type a alpagué Alan de très loin, s’est précipité vers lui et a baissé son short, extatique, pour lui montrer son caleçon Dragon Ball et se pâmer du t-shirt arborant la silhouette de… Goku ? Désolée, je ne suis pas fan :D d’Alan. Il est resté longtemps, la conversation était surréaliste, j’étais écroulée de rire, mais il n’y a que les endroits un peu hors du monde qui permettent ce genre d’interaction what the fuck.
Et c’est ainsi
que nous quittons
le monde
1
Car hors le monde, je n’y étais pas encore avant qu’Eivør monte sur scène, mais
putain
cette claque
oui j’abuserai du retour à la ligne, je n’ai rien d’autre dans ma besace, rien à la hauteur en tout cas.
Le son était cristallin, je me souviens avoir pensé qu’Eivør pourrait briser un verre juste avec sa voix. Chair de poule et larmes aux yeux, et en plus la nana se fend d’un « je vous aime » si chaleureux, alors que toi t’es à genoux, tellement heureux que des artistes jouent en festival comme ils joueraient dans une salle qui leur serait dédiée.
J’aime encore une fois ces communions, savoir que chacun d’entre nous dans ce groupe d’amis si improbable parfois a renoncé dans sa tête l’espace d’un instant. Eivør nous a chacun catapultés dans un endroit que nous seuls connaissions, nous étions totalement séparés de ce point de vue, et pourtant, totalement liés dans nos chambres respectives.
2 commentaires
Joli article qui donne envie d’écouter ces artistes, même si pour la plupart c’est pas ma tasse de thé, donc mission accomplie :)
haha, merci !
Écoute Eivør si tu n’aimes pas le metal, car ça n’en est pas ! Plus dans une veine Dead Can Dance / Loreena McKennit si tu connais :)