« La vie n’est qu’une longue guérison »
Une citation attribuée à Sean Penn par Le Figaroscope (oui, bon.)

Je m’en suis fait la réflexion il n’y a pas longtemps, dans mon carnet manuscrit : je suis un peu impressionnée, pas tant par moi-même (mais je pourrais :)) que par le constat que oui, on peut, réellement, ancrer des choses de son plein gré. De nouvelles choses. De bonnes choses.

J’oscille, tu le sais si tu me lis depuis longtemps, entre l’autodestruction et un élan vers une forme de sérénité, en permanence. Si j’hésite, je prends toujours à gauche (de culture catholique, j’associe la gauche au passé et au mal.) (je pourrais pousser la métaphore en racontant que sans être ambidextre, il y a des choses que je fais de la main droite et d’autres de la main gauche. Équilibre, ou perdition ?)

Ces derniers temps, c’est différent. Des habitudes que je ne me connaissais pas supplantent mes réflexes. Hier soir, j’ai bu deux verres de mousseux, et puis je suis passée à la tisane et me suis couchée à 21h parce que j’étais claquée. Quand je suis fatiguée, normalement, je me rebiffe.
J’ai des années de tirage de corde derrière moi, mais c’est pas parce qu’elle s’effiloche et qu’elle balance que j’ai changé mon fusil d’épaule. En fait, le fusil, je l’ai déposé sur le flanc de la dernière montagne que j’aie eue à gravir. Parce que j’en avais marre de tenir Angoisse en joue, et que j’ai fini par accepter de lui prendre la main.

Et tous les rituels, toutes les « bonnes » habitudes que je me suis efforcée de suivre ces dernières années se sont installés sans que je les voie venir. Je ne vais pas te dire que je me suis malmenée, puisqu’il s’agit de choses qui me font du bien, mais fait violence mentalement, oui. Angoisse, Fureur et Doute ont hurlé, se sont débattus et j’avais tellement envie de céder parfois, et je l’ai fait d’ailleurs, plein de fois, mais j’ai gardé en tête que chuter n’était pas faillir, et encore moins abandonner. J’ai recommencé dix, vingt, cent fois.

Je bois toujours, tous les soirs. Un verre, deux verres, trois verres, parfois cinq. Mais pas huit, encore moins dix, et je ne me couche plus jamais en semaine en dehors des horaires « réglementaires », je dors au minimum huit heures par nuit, et depuis quelques semaines je suis systématiquement douchée – je sais pas si t’as déjà vécu ce sentiment d’épuisement et d’absurdité qui conduit à se négliger, mais j’en suis coutumière et je peux te dire que c’est un sacré accomplissement pour moi que d’en avoir guéri (du moins d’être en rémission, mais j’aime pas penser à l’éphémère que ça implique.)

Simplement, enfin, c’est « rentré ». Mon cerveau se souvient que c’est bon de bien dormir et de prendre un petit déj’. Que la méditation m’apaise, que j’aime éteindre tous mes écrans tôt le soir pour lire, faire des étirements sur la terrasse au crépuscule et boire de la tisane en écoutant les oiseaux. T’imagines pas le nombre d’années qu’il m’a fallu pour en arriver là.
Mon cerveau est câblé pour l’excès. Il s’y retrouve, ça a du sens, pour tout un tas de raisons que j’ai évoquées au cours des dernières années. Alors découvrir que je prends plaisir à une forme d’apaisement, c’est une putain de victoire.