Bazar trimestriel (septembre-décembre)
Oui mais zut, y’a pas de nom pour désigner une période de quatre mois. À part « saison », mais ce qui va suivre n’a rien à voir avec l’automne.
C’est bientôt la fin de l’année, va y avoir du bilan à rallonge en plus des miscellanées mensuelles, alors ce n’est sûrement pas une bonne idée de partager un billet foutraque maintenant. En même temps, je me dis que le bilan attendra peut-être janvier, alors que ce brouillon me traîne dans la tête depuis un moment.
Chaque jour (ou presque, hein, tu vas pas chipoter), je note le titre et l’heure d’une émission qui m’a émue, d’un morceau que j’ai aimé entendre à ce moment-là, ou le lien vers un article que j’ai trouvé pertinent. Je ne les partage finalement pas dans les compte rendus que j’étale régulièrement sous vos yeux, parce qu’ils échappent à l’ambiance que j’aime y figer et que je crains d’y déraper en digressions sans queue ni tête.
Je me décide à le faire maintenant parce que 1) je suis fatiguée de construire des trucs cohérents et 2) bah c’est vachement intéressant (comme tout ce que j’écris, cela va sans dire.)
Honnêtement, j’aimais bien les longues listes de liens de Kreestal, même si je n’en consultais pas la moitié. Bon gré mal gré, ça me donnait du grain à moudre. Donc, pourquoi pas ?
*
Septembre
Passionnante « Grande Table idées » d’Olivia Gesbert sur France Culture : « Justice : l’oubli peut-il être salvateur ? » Marie Dosé m’a fait lâcher tout ce que j’étais en train de faire (manger) séance tenante. Ce qu’elle a dit de la victimisation m’a aussi beaucoup émue. C’était mon premier déjeuner au son de Culture (ah non. J’oublie Mona Chollet), et depuis j’écoute religieusement cette radio entre 13 et 14h. Juste avant, ce jour-là, il y avait une super interview de Jean-Christophe Grangé, et juste après, des témoignages de femmes qui avaient trompé leur mari. L’émission s’appelle « Les Pieds sur Terre » et c’est une de mes, si ce n’est THE émission que je préfère dans tout le PAF.
Octobre
Toujours dans « Les Pieds sur Terre » : « Pendant sept ans, Kailey a été contraint par ses parents de suivre une thérapie de conversion pour « guérir » de son homosexualité. »
Cette émission est exclusivement composée de témoignages, on n’entend pas les questions, juste des gens qui parlent et racontent un bout de leur vie, souvent avec beaucoup d’émotion. Autant te dire que j’ai souvent du mal à aller bosser après. Mais ça me remet sur les rails, aussi.
Je suis presque sûre d’avoir entendu cette émission en rediffusion bien plus tard qu’en octobre (genre, y’a une semaine), mais donc, Célie Massini – aka Miss Blemish – faisait partie des invités de La Terre au Carré sur Inter, au sujet de l’éco-anxiété.
Novembre
Merci Sabrina Matrullo d’avoir pris le temps (et pas qu’un peu), parce que perso j’avais la flemme. « Pourquoi je suis contre l’écriture inclusive. » Je ne suis pas d’accord avec tous ses arguments, mais je ne vais pas mégoter.
L’Éducation Nationale ne sait pas quoi faire de son argent. Je voudrais pas avoir l’air d’une gauchiste lénifiante, mais j’ai pourtant quelques idées.
Un article super intéressant et avec lequel je suis totalement d’accord (c’est ce qui le rend si intéressant, évidemment !)
Un bel exemple de validisme, je crois. C’est en regardant ça que j’ai pensé comprendre de quoi il s’agissait, en tout cas. Perso ça me met assez mal à l’aise, tu sais genre « ooouh il est trop choupi le mec en fauteuil !!! » C’est infantilisant, je trouve.
Clara Dupont-Monod chez Trapenard : une femme qui trouve que la réalité est difficilement supportable et qui est « la seule dans cette radio à adorer la variété des années 80. » Voilà :)
En l’écoutant, je me suis aussi dit qu’on n’avait pas une mais des âmes-sœurs, et qu’elles étaient partout. Ça m’a réconfortée.
Au moins, c’est clair, Willy Schraen aime tuer. À noter que le mec était invité d’une autre émission sur Inter, j’ai oublié laquelle mais zut je suis pas journaliste donc le droit de réponse tout ça… bah tu vas chercher à ma place, mais ce que j’ai trouvé un brin flippant c’est qu’il est loin d’être con et manie des arguments qui plairont à une partie des « neutres ».
Grâce à Aline Afanoukoé, j’ai réalisé que dans mon anti-palmarès des genres musicaux qui me donnent des boutons, en fait, le gospel se situe encore quelques levels au-dessus du jazz. D’une manière générale, je trouve que cette meuf a des goûts musicaux absolument épouvantables, et la dernière fois que je l’ai entendue dire « c’est trop boooon ! Je suis sûre que tous les automobilistes dansent dans leur voiture ! » bah moi j’essayais de pas me taper la tête contre les vitres pendant que je conduisais, justement.
« These things happen so much that the people are completely desensitized and in denial. That’s the elephant in the room that everybody knows is there but nobody wants to talk about, even when it’s about to squash them. »
Voilà qui explique le titre du film… (et donne de toute évidence un aperçu de l’humeur dans laquelle j’étais à la mi-novembre. Je sais pas pourquoi je l’ai re-regardé, je l’avais jamais fait et je vais pas te dire d’éviter, peut-être que quelque part ça te fera du bien. Je sais pas. Moi ça m’a… rappelé beaucoup de choses, quelles qu’elles soient.)
Toujours dans La Grande Table, une émission hyper intéressante sur « Le dessous des cartes », ou comment les cartes influencent notre vision du monde. Je pense que je ne réalisais pas vraiment, jusqu’au moment où ils ont parlé des tribus autochtones brésiliennes qui ont décidé de dessiner leur propre carte, sur lesquelles elles… apparaissaient, juste. Au milieu de ce que nous occidentaux on représente sous la forme d’une grande tache verte.
Décembre
Dans Les Pieds sur Terre, Nadège et Dylia témoignaient de leur expérience dans le monde du travail. Le sujet s’intitule « tous les coups sont permis » et ne parvient pourtant pas à rendre compte de la violence (et l’absurdité) de ce que j’ai entendu ce jour-là. Elles ont pleuré, et moi aussi, mais ça m’a semblé important.
Ce mardi 7, il y a tout de même eu une émission réconfortante : trois témoignages de gamins issus de ce que j’appellerais la jeunesse dorée, qui sont rentrés dans les meilleures écoles du capitalisme, ont obtenu des jobs d’élite et ont… démissionné, faute de trouver dans leur taf un accord avec leurs valeurs écologistes. Comme le rappelle à bon escient l’animatrice, on parle ici de gens qui peuvent se le permettre, mais cela n’enlève rien à la force de leur conviction, ni à leur courage.
*
Je me suis efforcée de supprimer de la version primitive de ce billet les quelques trucs qui généraient chez moi trop de colère ou d’incompréhension pour qu’en ressorte quoi que ce soit de productif. Pas par volonté d’auto-censure, mais par désir d’éviter de faire du bruit juste parce que j’existe. Je visais moins la complaisance que la nuance, mais je ne sais pas si c’est réussi. Je compte sur toi pour me dire ce que t’en penses, si t’en penses quelque chose.
5 commentaires
Je suis revenue à ta liste plusieurs fois – j’avoue avoir zappé les émissions à écouter car hélas je ne m’en prends pas le temps, tandis que les articles peuvent se lire en diagonale (est-ce mieux pour autant ?) Au final toutefois, si ton article est resté dans mon lecteur de flux rss aussi longtemps, c’est par paresse intellectuelle je l’admets… Et ça me met mal à l’aise de faire ce constat qui ne me renvoie pas une image très glorieuse de moi-même ;)
Outre cet idéal intellectuel meurtri, je crois aussi que ce que j’aime dans ces partages n’est pas tant leur contenu que ce que le partageur en dit de lui-même. Lorsque quelqu’un de proche me recommande un film qui lui a plu, j’aime le découvrir non pas pour l’œuvre en elle-même, mais pour ce qu’elle m’apprend de la personne qui l’a aimée (et si le film en question me plaît aussi, c’est toujours un bon bonus !)
Ce que j’essaie d’écrire par là (pardonne mon brouillard cérébral covidé) est qu’en étant de toute façon en surconsommation d’information, je serai toujours plus attentive à une ou deux sources sur lesquelles tu développeras ta réception car cela m’apprendra quelque chose sur toi – plutôt qu’à une liste que je vais survoler. D’un autre côté, je sais aussi quel effort c’est de développer chaque point alors qu’on aimerait parfois juste balancer un « hé, je te mets ça là, ça m’a intéressée peut-être que toi aussi ? »
J’en conclus donc que je me trouve peut-être simplement de bonnes excuses à préférer l’information prédigérée :D MAIS tu me fais réfléchir à ce que la radio t’apporte, un média que je n’ai jamais considéré jusqu’ici et auquel je pourrais peut-être davantage m’intéresser. Je devrais essayer ?
Du coup, je ne suis pas sûre d’avoir compris si justement j’avais suffisamment développé ces quelques liens :P Mais je vois tout à fait ce que tu veux dire et je pense que c’est une des raisons pour lesquelles je cliquais très peu dans les liens de Kreestal : ça peut vite donner l’impression d’un prêt-à-penser, dans lequel on ne trouvera peut-être pas d’accointances, faute d’échanges.
En ce qui concerne la radio, je ne sais pas ? Il me semble que tu podcastes beaucoup, est-ce que tu trouves que ça fait une différence (à l’inverse j’en écoute peu) ? Pour ma part, j’écoute la radio exclusivement en voiture, donc tu vois que c’est très limité ^^ Mais c’est vrai que j’y ai découvert des émissions que… je podcasterai à l’avenir si mes horaires changeaient.
PS : ouais enfin, la paresse intellectuelle… T’as un boulot intello, t’as tes propres centres d’intérêt… tu vas au ciné à 23h en pyjama… :D Je pense que tu n’as à rougir de rien ;)
Je suis partagée pour être honnête : d’un côté je comprends l’intérêt de la liste dans laquelle on peut piocher à sa guise, de l’autre elle limite peut-être les points d’accroche. Pour ça que je crois être ok que les deux formats cohabitent : développer les sources vraiment importantes dans des articles dédiés, et partager succinctement les autres dans des listes avec juste quelques mots de contexte ?
En fait c’est amusant, ton PS rejoint un peu l’idée du commentaire que j’avais laissé sur ton billet au sujet des femmes qui t’attirent : je tombe sans cesse dans l’écueil de me flageller plutôt que de m’inspirer !
« d’un côté je comprends l’intérêt de la liste dans laquelle on peut piocher à sa guise, de l’autre elle limite peut-être les points d’accroche. »
Oui, je suis plutôt d’accord, je ne sais pas trop quoi en penser, d’autant qu’à l’origine de ce genre de billet, il n’y a que je, mon nombril et moi qui souhaitons partager un truc cool ;P
La flagellation n’a d’intérêt que dans certain contexte intime et réservé aux adultes consentants :D
Même si honnêtement moi aussi je me dis souvent que je suis paresseuse et que je devrais montrer plus d’énergie à me nourrir des contenus partagés par autrui. Mais comme tu dis, on en reçoit beaucoup, des informations… J’essaie de trier selon un ratio centres d’intérêts / ce que ça pourrait m’apporter parce que justement je ne m’y serais pas intéressée de moi-même. Pas facile, et à mon avis, pas nécessaire tout le temps, c’est bien d’être tranquillement posé avec soi-même, des fois :)
Tu me fais réaliser que ce que j’aime dans les blogs c’est précisément leur intention narcissique, y compris dans le partage ! En conclusion, autant l’assumer pleinement et continuer à faire comme on le sent ?
Je te rejoins sur l’approbation de la flagellation consensuelle à la place de la brutalisation mentale autoimposée ^^ Et merci toujours de m’apporter un souffle de relativisation, un « hé, t’as aussi le droit de relâcher et d’être tranquille parfois » – tes commentaires m’apportent souvent ce recul qui me fait du bien ;)