Florilège #6 bis – Juing
(6 bis parce que la dernière fois je suis passée de 4 à 6 et voilà c’est tout décalé ça m’énerve, et Juing parce que : « En moyen français, il s’écrivait « juing », m’apprend Wikipédia, et que c’est marrant.)
Je ne sais pas si ça a vraiment du sens de publier ce Florilège tel que je l’ai griffonné au jour le jour dans le bloc-note, mais j’ai pas envie de le ranger. C’est ressemblant alors je garde : je crois que je préfère l’exactitude à l’esthétique, en ce moment.
5 juin
Après avoir publié Ce qui crève la peau et lu le dernier billet de Dame Ambre, je cours me réfugier dans Antik. Encore. Encore. Je ne veux pas savoir ce que ça dit. Je ne veux entendre que ce que ça traduit, ce que ça expurge de moi.
Disclaimer (Apple TV) ♥♥♥♥
Quelle claque. Les personnages (Robert, Nicholas et les journalistes principalement) sont parfois exaspérants de connerie et le scénario s’appuie sur quelques retournements de situations pas très fins. Mais bordel, ce que c’est percutant. La réalisation et la photographie sont sublimes, le jeu d’acteurs au top (je n’avais même pas reconnu Cate Blanchett, impressionnante de justesse et de force), l’écriture intelligente.
Et à la fin, c’est encore Cath qui doit se justifier. Encore, toujours. Je me demande si ce n’est pas la pire leçon de cette série.
9 juin
J’achève La curée (♥♥♥♥) après un bon mois de disette littéraire. J’aime toujours autant ce roman : Zola, vraiment, est un maître, passant de l’ironie à la contemplation poétique sans sourciller, criant de vérité dans ses portraits, jamais donneur de leçon mais toujours juste et étrangement touchant.
10 juin
Porcelain de Moby sur une playlist de Mu à la fin d’une journée harassante de rien du tout. Tout est tellement, tellement, question de point de vue, même quand on sait que le nôtre est erroné. La réunion est passée, il fait beau, j’ai Moby dans les oreilles et même si j’ai conscience d’être complètement perdue dans le temps et l’espace, de m’y être perdue volontairement, juste ces quelques notes de piano et ces nappes de synthé m’ancrent dans un maintenant aux contours flous mais heureux.
11 juin
J’adore voir passer les Rafales de l’armée de l’air. Les entendre, surtout. Ça me fait frissonner et ça m’émerveille (passion moteur : j’adore aussi entendre vrombir une moto. Une vraie, s’entend, pas une mobylette à la noix, trafiquée de surcroît. Curieusement, il doit y avoir une passion bruit, en fait, chez moi, vu que les feux d’artifice.)
Je viens de comprendre pourquoi certains de mes textes (romanesques) vieillissaient mal : trop ancrés dans un contexte émotionnel et/ou musical. Quand ils sont justes, ils le demeurent, quel que soit le nombre d’années écoulé et nonobstant leur qualité littéraire.
Je n’avais pas écouté : à quel point la prestation de la chanteuse de Savages, sur Fuckers, est impressionnante.
12 juin
Après une journée qu’on pourrait, ici, qualifier de caniculaire (hier), cette nuit l’orage a tonné, et maintenant il pleut (à nouveau) comme en novembre. Un déluge.
Tiens, le soleil revient… Malgré la pluie, il fait vingt degrés.
J’ai commencé le premier module de formation proposé par le CNED, intitulé « s’organiser » et je leur suis vraiment très reconnaissante de nous prendre par la main, moi et mon incapacité chronique à agir de manière efficace. Mon bureau n’a jamais été aussi propre.
13 juin
J’écoute Nachtblut hurler « nur ich nicht » et j’y catharsise autant que j’y exorcise. Parce qu’on m’a dit aujourd’hui que j’étais quelqu’un de bien qui savait dire les mots qui donnent de la force, et que ça m’a touchée bien plus, bien plus que les mots ne sauraient le dire. Et apparemment j’ai « la petite tête mignonne du suricate », je sais pas comment je dois le prendre :D
14 juin
Après-midi dehors, à tondre la pelouse. Découvrir que les lys agonisants vont donner des fleurs après qu’on ait placé le pot au pied de la haie de frênes, et que les pois de senteur ont élu domicile sur le terrain. Rencontrer la nouvelle voisine, trop sympa, qui A PLANTÉ DES ARBRES sur sa nouvelle propriété ♥
Echo Valley (Apple TV) ♥♥♥
Sans doute beaucoup de cœurs parce que Julianne Moore, et parce que cette fin ouverte dont tu sais tous les enjeux, les non-dits et probablement les évidences une fois que t’as vu le film.
15 juin
La plage, le soleil, et la musique de Jeremy Soule.
16 juin
Dernière fois que je voyais les cinquièmes. Franchement décevant.
17 juin
LN et le grand vide.
18 juin
J’ai corrigé, en une journée, 23 copies. Fierté. Je découvre que la motte de terre prise dans une nasse de racines, que Malo et moi avions excavées quand on piochait, et balancée dans le talus, c’était mon agapanthe, qui a repoussé comme ça, hors sol, et est en train de faire des fleurs. Classe jardinier, alignement chaotique.
Jeremy Soule, encore, et les textos échangés avec Zofia.
20 juin
On se raconte tous des histoires. Je fais ce que j’ai à faire, pour survivre, ce que tu veux. On ne fait jamais rien de plus que ce qu’on sait faire.
The angry black girl and her monster (Insomnia) ♥
Très bonne adaptation contemporaine de Frankenstein. La transposition apporte un nouveau regard. Comme quoi, une histoire universelle a toujours quelque chose à raconter. C’est ce que je dis à mes élèves : ce qui compte, c’est ce que toi tu y as vu.
À la fin, la même arrogance, le même refus d’assumer. « Les autres ont perverti ma vision », dit-elle, après avoir fui sa création en hurlant de terreur et de dégoût. Ceci dit, la fin différant de l’original, je ne suis pas sûre de la façon dont je dois l’interpréter. Potentiellement pas comme j’aimerais, en mode on évacue tout ce qu’on vient de dire parce que maintenant on va se venger, et on reconstruira l’histoire en oubliant. Je ne sais pas, à revoir.
Krystal System existe toujours !
23 juin
La musique convoque des émotions qui me bouleversent sans me terrasser (sauf Violet Cold, voir plus bas). Je suis debout, je ressens. Je ne sais pas si les voix sont vaincues ou apprivoisées. Plus les températures grimpent, plus elles ressurgissent fragmentées, plus sensuelles que verbeuses. Je me reflète en éclats chatoyants dénués de mots. C’est l’été, en somme.
La vie m’est trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.
Louise Labbé
(Jamais, jamais, j’aurais pensé qu’on pouvait faire de la dance électro club ce que tu veux sur ce texte. Respect éternel pour la meuf qui a fait ça.
Encore un single de Violet Cold dont je ne peux écouter que quelques secondes, qui me transpercent de part en part et que j’aime, j’aime beaucoup trop fort pour ne pas m’y blesser.
I’m falling appart inside
When I have a mess in my mind
Ça c’est dans Tell my if it was then de Matthias Mount, ajouté à ma playlist en avril mais qui ne me frappe que maintenant, ou dont je ne me souviens que maintenant, ce qui est bizarre et exemplaire dans les deux cas.
C’était le premier jour des oraux de l’EAF, j’avais oublié à quel point ça mobilise tout, ton intellect, ton empathie, à quel point c’est un jeu d’équilibriste entre la bienveillance et la rigueur, qui te laisse quelque peu sonné à la fin de la journée.
24 juin
Je savais pas qu’Eminem avait fait des trucs pareils. Beaucoup trop de TW, fais gaffe si tu te lances, moi ça m’a lacérée à l’intérieur.
Tiens, de jolies frondaisons photographiées dans le lycée où je fais passer les oraux.
Entre le 29 janvier et aujourd’hui, une porte déverrouillée, apparemment.
Évidemment, Maloriel me l’avait déjà fait remarquer, il y a quelques jours. C’est fou comme on n’entend pas quand on n’est pas encore arrivé sur ce promontoire-là, qu’on ne voit pas encore ce que les autres voient.
25 juin
Balade avec LN.
26 juin
YouTube sucks de plus en plus, mais son algorithme est toujours au top et ce soir, je découvre Shaârghot. Je peux te dire qu’en live du moins, c’est le coup de cœur absolu de ce mois-ci. De cette année. Des dernières années. Putain ça tabasse sa race. J’étais sur le point d’aller me coucher, j’ai repris une bière.
Mon ami BBM trouve ça d’une violence extrême, donc je t’en informe, vu que je ne m’en rends pas vraiment compte. Enfin, si, mais je sais pas, moi ça me défoule, ça me rend heureuse, euphorique, même.
À 22min38, débute tranquillement un des trucs les plus… violents, oui, c’est pas faux, et cathartiques que j’aie jamais entendus.
Et à 36min36, un de ces moments incroyablement funs que seul le metal est capable de produire. Ils ont un mec avec une flèche sur scène, sérieux.
Quels performers, putain. Et cette voix… Ce concert devait être absolument épuisant – pour le public comme pour eux.
Comme tu l’as peut-être remarqué, j’ai une vague tendance à l’obsession, donc Shaârgoth va occuper mes prochaines soirées pendant un moment. Par ailleurs, je viens de finir une semaine à faire passer des oraux sept heures par jour, alors autant te dire que j’ai zéro cerveau et que comme je recommence lundi jusqu’à mardi midi, il n’y a aucune chance que quelque chose de spécial déboule entre temps. C’est donc la fin de ce florilège, dont le début me paraît incroyablement lointain !