Florilège #8 : la fin et le début
Je te préviens, j’en ai rien à faire, ça va être très long (j’ai voulu chronométrer mon temps de lecture et Moya est venue s’installer comme une fleur pile devant moi et m’a donné des coups de tête dans les mains pour avoir des câlins donc je ne sais pas.)
Les films et la série
Le soir du 1er août, je me suis dit « fais fi des critiques, on verra bien » (oui parfaitement, j’utilise ce genre d’expression dans ma tête.) Et donc j’ai lancé Les profs. C’était d’une nullité affligeante. Ni drôle (un film qui raconte n’importe quoi ne peut pas me faire rire. Pour ça, il faudrait partir d’une situation réelle – et dieu sait qu’on en a – : pour qu’il y ait caricature, il faudrait encore qu’on puisse s’y reconnaître, ou quelqu’un), ni émouvant (mettre des violons sur une scène ne suffit pas), ni pertinent (en gros le message c’est : soyez cons.) Je passe sur « l’humour » raciste ou sexiste selon les situations, et sur Kev Adams.
Lundi 12 août
Je découvre Mayfair Witches, l’adaptation du cycle des sorcières d’Anne Rice (tu te souviens, l’année dernière je n’ai pas réussi à finir de relire le premier tome).
Ça commence fort bien : les décors, Annabeth Gish en Deirdre, la disparition des personnages d’Aaron Talbot et de Michael, mêlés en la personne de Ciprien Grieve.
Et puis rapidement je suis saoulée par quelque chose qui existe chez Anne Rice et qui est décuplé par la mise en scène cinématographique. Je regarde finalement une série qui montre une énième greluche faire n’importe quoi à partir du moment où un homme bien fait de sa personne lui dit qu’elle est « spéciale ». Ça passe d’autant moins que Rowan a du pouvoir, et qu’elle le possède en propre, semble-t-il, comme son aïeule, celle par qui tout a commencé (mais qui avait nettement plus de raisons de faire appel à un esprit, fût-il masculin et flatteur.) Car si on remonte la généalogie des sorcières, le fait est que Lasher, la chose qui leur est liée et qu’elles invoquent, a forme masculine, et que c’est de lui que les sorcières tiennent des pouvoirs plus grands que ceux dont elles ont déjà hérité. Ce qui ne vient pas sans un jeu de séduction fondé sur le fameux « tu m’appartiens ». Là où Rice pouvait avoir l’air avant-gardiste, elle s’avère donc pour le moins conservatrice, pour ne pas dire machiste.
Ce qui fait que, tout à fait logiquement, une fois en pleine possession de ses pouvoirs, Rowan n’a qu’une envie : baiser le type qui les lui as donnés. Comme quoi elle est vachement puissante, hein. Même sorcière, elle n’utilise pas son don pour être libre et indépendante, et en plus elle se fend d’un syndrome de Stockholm. Formidable. Nan mais, imagine que Lasher a baisé sa mère, sa grand-mère, et ses aïeules avant elle. Classe.
22 août
L’Exorciste – la suite par Blatty lui-même. ♥
Alors, autant te dire que les tags « zen » et « espoir » de la description sont d’autant plus WTF que le film est dénué de tout espoir, d’un bout à l’autre. Les personnages sont tous en bout de course, et pour vaincre le démon il faut tuer les plus fidèles serviteurs de dieu. Ce film est profondément nihiliste.
Il navigue aussi entre le kitch, de bavardages et d’effets, pourtant discrets mais rarement à propos parce que clichés, et un cynisme auquel je ne m’attendais pas.
(super, les sous-titres générés par IA. Contrairement à ceux réalisés par des professionnels, ils ne respectent pas le nombre de caractères autorisé, et sont donc tronqués. Heureusement que je comprends l’anglais…)
23 août
The Black String ♥♥
Cool de voir Frankie Muniz, choix de film pas évident dont je ne suis pas sûre que ça serve sa carrière.
Pour toute personne un peu cassée, un peu à côté de ses pompes, ce film fait mal, et pas seulement parce que les personnages à l’exception du héros sont, d’aucuns diraient neurotypiques, je dirais juste cons.
J’adore les œuvres qui traitent de ce genre de sujet, à croire qu’il me touchait personnellement dans une autre vie.
J’abandonne un film qui s’intitule Belzébuth et qui commence ainsi : « En 2010, les signalements de personnes possédées ont augmenté de façon exponentielle. » Mais bien sûr, Jean-Louis.
The Invitation
« Nous avons tous traversé des choses horribles. Mais elles n’ont pas à nous définir », dit le cultiste. Ma réponse a fusé toute seule comme d’habitude : mais si. Ambre a raison, on peut interpréter et on le fera de toute façon. Ce qu’on en tirera, variera au fil du temps. Mais bien sûr que ça me définit. Je vais pas devenir une personne normale et lisse et sans relief parce que ça me permettrait soit-disant de traverser la vie en sécurité. La vie n’est pas safe. C’est avec l’insécurité et le trauma qu’il faut composer, plutôt que de se ravauder, s’éplucher pour faire disparaître tout ce qui fait de nous des êtres conscients et sentiants.
Sinon c’est un huis-clos très long qui nous fait danser d’un pied sur l’autre (et nous convainc que clairement les gens qu’on dit « fous » sont juste bien plus observateurs et psychologues que les autres – dans ce contexte).
Pas sûre d’avoir compris ce que nos deux cultistes essayaient d’accomplir, dans la mesure où l’une d’elle n’avait pas compris non plus, apparemment.
24 août
Jeu intérieur
Au début, j’ai trouvé le film super drôle, mais j’étais embêtée de me moquer ouvertement des protagonistes et de leur monde de débiles, alors que des gens allaient trouver ça drôle par auto-dérision.
Finalement, tout en égratignant à peu près tous ses personnages, le film ne délivre pas le moindre message. J’ai aimé (façon de parler !) la façon dont il dérape et j’aurais trouvé encore plus fun que les échanges d’identité aient été permis entre hommes et femmes. Mais j’ai passé un bon moment.
Ensuite j’ai loué Longlegs que j’avais remarqué à sa sortie, parce que ses critiques étaient dithyrambiques. Très clairement survendu. Silence des agneaux blablabla – tout ça parce que le psychopathe est androgyne. La performance de Cage est certes convaincante, mais tout ce cirque surnaturel, une catastrophe, je suis désolée.
25 août – Death of me
MAIS QUI FIXE les avertissement -12 ans ? Je sais, le CSA. Mais QUI chez eux ? Qui s’est dit, oh ça va, y’a pas de sexe, moins de douze, c’est parti, alors que le type arrache ses propres intestins, bordel ! (scène similaire dans un film vu avant mais je ne t’en dirai rien pour ne pas divulgâcher, désolée.)
J’ai passé un « bon » moment, mais je crois qu’il y a un fond raciste à ces films de « folk » horror (pas toujours, il y en a plein faits par des gens qui vivent sur place, mais tu vois). Ces soi-disant rituels immémoriaux qui impliquent la mort d’une personne innocente me fatiguent aussi.
J’ai aussi quelques notes concernant Sous le soleil, que j’ai regardé comme l’année dernière parce que je suis seule à la maison, qu’il a fait trop chaud, et qu’entre angoisse et sueur mon cerveau m’a dégouliné par tous les pores…
Le livre
C’était Billy Summers, que j’ai terminé au début du mois (je ne sais plus quand, j’ai oublié de noter) et que j’ai beaucoup aimé même si la fin m’a déçue, pas de la faute de King mais de mes envies. Merci Zofia !
En vrac
Vendredi 1er août
Donc hier soir j’ai vu un concert, et quand LN m’a posé la question, j’ai été incapable de dire depuis combien de temps je n’en avais pas vu un. Pas de drama hein, j’ai voulu en voir plein, de groupes qui avaient malheureusement le goût exquis de se produire en milieu de semaine à 150km.
Ventre noué pendant une heure, jusqu’à ce que les effets de la bière se fassent sentir. Puis…
Maintenant que j’y pense, tel que je l’ai présenté le mois dernier, t’as pu croire que je flippais de voir un groupe qui s’appelait Les Ramoneurs de Menhir, mais dans ce cas c’est parce que t’es pas breton :D Nan et en plus tu sais peut-être déjà ce que j’ignorais, mais le guitariste-chanteur des Ramoneurs était le guitariste des Béru. Ça t’en dit peut-être autant qu’à moi sur le fait qu’on a assisté à un show punk sans aucune nuances, où l’on a entendu tout ce qu’on s’attendait à entendre : légalisation, faites ce que vous voulez de votre cul, à mort les fachos, vive la Bretagne libre, vive la Palestine. Oui, dit comme ça c’est parfait (en plus c’était au pied de l’église), et de toute façon c’est exactement ce dont j’avais besoin (mais pas des imbéciles heureux dans le public qui croyaient que brandir un drapeau palestinien en dansant des bières à la main c’était être engagé.)
J’aperçois, du moins je crois, à la terrasse d’un stand de bouffe, le premier homme dont je sois tombée amoureuse. J’en suis un peu bouleversée : c’était en terminale, c’est le fameux dont j’ai dit quelque part qu’il s’était passé quelque chose mais que je n’étais pas prête à en parler. Je réalise en le voyant qu’on ne se voit pas vieillir, ni les gens qu’on côtoie au quotidien : il a pris un sacré coup de vieux. Ça ne change rien au fait que ses yeux sont magnétiques et que sa voix me bouscule… jusque dans mes entrailles, hum.
samedi 2 août
Petite balade le long du GR à Ploubaz’, histoire de repérer les plages. On traverse une crique magnifique. Terrain ou pas, on aura fait une belle découverte.
dimanche 3 août
Je fais le ménage et bois des tisanes pour contrer un mal de crâne tenace. On passe chez Mu et Franck leur déposer la clef de la maison afin qu’ils s’occupent de Moya en notre absence. Il fait beau. Tout est doux. J’éteins le PC à 21h40 pour profiter du calme. J’espère dormir comme un bébé, j’aimerais être en forme demain.
dimanche 11 août
On rentre de Nantes puis la Presqu’île. Je suis passée voir Papa, ça ne m’a pas fait particulièrement de bien (mais ça m’a appris des choses, question santé : génétique il y avait bien.)
Après un mix en boucle Cyborg / Amduscia / Agonoize qui me lave le cerveau très positivement, je… passe à Mylène Farmer, histoire de finir de me reconnecter à moi-même. Je ne me lasse pas de son rire au début de C’est une belle journée sur le live Nevermore.
15 août. On va au Motoc’.
jeudi 21 août. Retour de Normandie.
On a visité la péninsule du Cotentin. J’y ai acheté des cartes postales que je n’ai toujours pas postées : j’ai oublié d’acheter des timbres…
C’était beau. J’adore la Normandie, je crois, autant ses plages que son arrière-pays.
On a évidemment enquillé avec la visite de la maison de Jules Barbey d’Aurevilly (dont c’était la tombe ci-dessus, si tu n’arrives pas à la déchiffrer). Eh bah c’était un bon connard, le Jules :D
Je n’ai pas photographié la maison de Prévert du côté de la Hague, ni l’usine de retraitement qui le « mérite » tant elle est impressionnante. Le paysage là-bas est sublime.
Prévert aussi a un côté connard, quand on pense en termes de classes sociales.
Ce même jour, je lis chez Ambre « Changer le regard posé dessus » Je vais en avoir, des choses à détricoter, sur ce sujet…
26 août
Oublié de noter mes étranges rêves, notamment celui dans lequel mon crâne était énorme et déformé, comme en forme de cœur, et que j’étais au trente-sixième dessous car je perdais mes cheveux par poignées, me laissant quasiment chauve.
28 août
L’angoisse, tentaculaire depuis son nid d’entrailles, j’en sens les frissons jusque dans les bras, SUR la peau, je suis recroquevillée à l’intérieur. Au moment d’écrire je me rappelle qu’il ne faut pas lutter mais la laisser venir. Mais alors je fais quoi, j’arrête tout, je m’allonge par terre et je pleure ?
Je lis chez Indesp : « quand on est trop mal et qu’on s’oblige malgré tout, on détruit davantage qu’on ne construit. On n’est pas seulement inutile, on est destructeur. »
C’est complètement vrai. Le problème c’est que ce qui me met dans cet état « trop mal » c’est toute ma vie : mon métier, les invitations, les sorties prévues ou non. Pas le choix que de s’obliger, et pas seulement par convention. Juste pour… vivre.
…
Eh bien, la pré-rentrée, c’est fait. Enfin presque, c’est demain la grosse journée (j’ai zappé la « marche conviviale », il paraît que je n’aurais pas dû et que c’était très joli.)
29 août
Je pensais avoir échappé au maëlstrom du 22, mais à la suite de mon paternel, qui ne manquera pas de m’expliquer la prochaine fois que je l’ai au tél ou de visu combien il décline parce que le 22 il n’avait pas conscience de la date et que donc il a oublié de rendre hommage à ma mère, toute la famille a fait « répondre à tous ». Impossible de lui expliquer qu’il m’arrive d’oublier qu’on est le 12 février, ou qu’il a toujours dit et répété que la mort c’était la fin et qu’il n’était donc nul besoin de s’attacher à une date pour célébrer qui que ce soit puisque personne n’était là pour s’en offusquer, ou même de lui rappeler que de toute manière, ma mère a demandé à être incinérée pour que personne ne puisse se recueillir sur sa tombe. Il a raison, il yoyotte, mais pas pour les raisons qu’il croit, et je n’en peux plus.
Convoquée chez ma directrice semaine prochaine pour : « absence lors d’un temps de pré-rentrée ou de journée pédagogique en cette rentrée 2025 » (je ne suis pas la seule). Mes collègues amies sont sur le pont. Tout le monde est furax. Du coup, j’ai renouvelé ma cotisation syndicale ^^
Dans le privé, nous faisons deux jours de pré-rentrée, contre un seul dans le public, parce que nous faisons le « pont » (enfin, nos élèves, si je ne m’abuse), le 7 novembre. C’est un genre de rattrapage.
Eh bien je viens d’avoir le syndicat au téléphone, et déjà notre journée de rattrapage c’était aujourd’hui, puisque le public se « contente » d’une AG de rentrée, tout à fait ordinaire, comme nous l’avons faite hier et à laquelle j’ai assisté. Par ailleurs, il paraît effectivement difficile de justifier auprès de l’Éducation Nationale que nous rattrapons les heures que nous n’assurons pas devant les élèves en pique-niquant gaiement en haut du Menez Bré… Donc personne ne peut m’obliger à assister à une session de team-building champêtre et spirituel sous prétexte que je dois des heures.
Ben mon vieux, le pire c’est qu’avec tout ça, c’était la rentrée la plus sociabilisante de toute ma vie ! Un quart d’heure au téléphone, un mail, plus de deux heures d’échanges de textos… :D
Heureusement, je suis très contente de mon emploi du temps (sauf du mardi, hyper sportif, mais j’ai mon lundi matin, alors…) et de mes classes (j’aurai sûrement l’occasion de voir les Ulis, et moi j’adore ces publics qu’on dit différents et qui font l’essence de ma vocation.)
En plus tu verrais l’état de mes mains, je fais une poussée d’eczéma alors que je n’en avais pas eu depuis… trente ans… J’en suis au stade où les plaques ont évolué vers le bouton puis la cloque pour finir par laisser des ampoules crevées partout sur les paumes et les doigts. Par contre ça démange toujours autant, la nuit surtout, donc je me couvre de plaies au fil du temps (et on a déjà parlé de ce qu’il advenait de mes plaies !)
Mon délégué syndical m’a dit « écoute, elle fait chier, elle n’est pas la seule (sous-entendu dans les autres bahuts c’est pareil), donc soit tu plaides l’innocence, soit tu invoques un souci médical pour avoir la paix. Et si elle demande un certificat tu m’appelles. » Comme en plus j’ai dû nettoyer la tache que j’avais laissée sur ma chaise cet aprèm’ (comme quoi j’aurais mieux fait de rentrer déjeuner chez moi, ça m’apprendra à vouloir faire un effort d’intégration pour une fois) alors que je porte des protections pour l’incontinence tellement je saigne en période de règle, si madame veut de la justification, elle va en avoir sans que j’aie besoin de mentir. Et j’ai des témoins ^^
Un peu de musique, pour finir ?
Il est très étonnant, ce Rise de Combichrist. Par certains aspects il me rappelle beaucoup Blut Royale, mais en même temps il a une orchestration qui me fait davantage penser à Flesh Field. Le deuxième titre du single (Desolation) est dans une veine similaire que j’aime beaucoup, on dirait que Icon of Coil s’incruste dans l’indus habituel au groupe.
Quoique vu le contexte, les Pet Shop Boys soient clairement appropriés !
Ce soir j’écoute ma playlist Blooböxx et dessus il y a And all that could have been, et je sais pas depuis combien d’années je n’avais pas eu le courage de me glisser dans cet orage-là et de laisser couler sur moi tout ce que cette chanson me rappelle.
Ubik revient demain et mardi je rencontre mes premiers élèves… Je raccroche. Août, c’est terminé.
2 commentaires
. Les âges du CSA, ça serait drôle si on ne mettait nos enfants derrière les écrans en fonction de leur avis. On ne fait plus confiance ici, on a trouvé un site qui décrit exactement ce qu’il y a dans les films ou les séries (drogue, sexe, mort, violences etc). Bien mieux.
. L’information est arrivée après la mise en lecture, mes oreilles ont souffert ^^
. Mylène <3
. Tu es superbe sur la photo ! Et quelle robe :D
Hum, désolée, la prochaine fois je préviendrai dans le paragraphe précédent plutôt que dans la légende :)
Oh, eh bien merci ! En fait c’est un pantalon, très large et ouvert sur les côtés, quasi jusqu’aux hanches. Petit craquage lors du marché hebdomadaire ;)