Florilège #9 : dans les pas de Septembre
Recueil chronologique et sans trop de digressions (ça signifie que tu passeras sans doute pas à côté d’écritures à la petite semaine).
31 août, sur le seuil
Pas de réécriture, Nath… Pas de réécriture.
Je te parlerai un jour de la Narratrice, elle est particulièrement bavarde le soir (quand j’ai un coup dans le nez, évidemment.) Elle a envie de te raconter Loreena McKennit. Mais ce n’était pas le cas quand j’ai ajouté ce titre à mon bloc-note et je refuse de tricher.
4 septembre, on y est.
Woow putain j’suis complètement in love avec le dernier titre de Lord Of The Lost.
Au moment où j’écrivais, j’avais déjà écouté ce morceau – pas révolutionnaire – cinq fois. Avouerai-je que sur ces 3 pauvres minutes 45, je me suis depuis repassé en boucle la dernière, quand Käärijä entre en scène ? 2min40, vas-y, je t’assure (enfin sauf si t’as l’intention de conduire, moi c’est le genre de trucs qui me fait coller mon pied au plancher sans faire exprès.) Dieu bénisse ListenOnRepeat.
Le même soir, BBM, à qui je parle de Raveyard, me fait découvrir Tokio Hotel, à côté desquels j’étais totalement passée, à l’époque (un peu trop vieille). Bah… Comme je disais à mon pote, « Du coup je vais creuser leur clipograph… euh, leur discographie, je veux dire. »
Nan mais comment j’aurais été follement amoureuse, à 15 ans, de ces mecs-là…
Et pour reprendre sur un sujet déjà abordé, mon ami aimait beaucoup, et me dit : « clairement toutes les meufs étaient fan, et pour les mecs, fallait surtout pas être fan, oh malheureux »
Et moi de répondre : « ah oui ça, je me doute. N’empêche que c’est drôle (enfin, tu me comprends…) : les meufs kiffent Tokio Hotel mais sortent avec les bons gros virils, les mecs doivent être des mecs donc jouent les virils alors que dans le secret de leur chambre les filles fantasment sur Tokio Hotel… Ce monde a un problème, je crois ;D »
Ce qu’il a approuvé, évidemment, je n’ai pas d’amis virilistes machos, et… c’est tellement triste, et con, et à prendre en compte dans tout discours féministe.
5 septembre – Éblouissements
Sons (Vogter) (canal +) ♥♥♥
« Chacun fait du mieux qu’il peut », dit le prêtre. Qu’est-ce que t’en sais ? Certains font le pire qu’ils peuvent, d’autres s’en foutent. Moi, je ne fais pas toujours de mon mieux. Ça dépend de mon degré d’intérêt.
J’ai lu que ce film était « éprouvant ». Et il l’est, sans doute. Mais une part de moi ne peut s’empêcher de penser qu’il ne l’est que pour des gens « normaux », des gens bien avec eux-mêmes, bien avec les règles, bien avec le monde. J’ai l’impression qu’il a pu les confronter avec ce qu’ils appellent « hypersensibilité », parce qu’il ne leur a pas laissé le choix. C’est un film magnifique, d’une dignité dingue, dont les personnages incarnent un panel de nuances dont ils n’ont pas l’habitude, ou qu’ils n’aiment pas. Moi (pardon pour l’égotisme de la formulation), j’ai adoré ce film d’un bout à l’autre parce qu’il porte un regard enveloppant, qu’il cherche, qu’il ne donne aucune réponse. Il m’a émue parce que j’ai eu envie de pleurer pour ses personnages sans y être attachée. Ça s’appelle l’empathie, dans mon monde.
Alors non, je n’ai pas trouvé ce film éprouvant, dans le sens où il raconte trois histoires terribles, mais trois histoires comme j’ai pu en entendre souvent.
Alors j’imagine que c’est bien, l’impact qu’il a eu sur ceux qui l’ont vu. Mais je trouve ça triste, aussi, qu’il leur ait fallu ça, pour réfléchir deux secondes.
Les éblouis (canal +) ♥♥
Je trouve Camille Cottin d’autant plus exceptionnelle que je ne l’avais jamais vue avant Larguées, ma comédie coup de cœur de l’année dernière, et que je la retrouve dans un rôle aux parfaits antipodes.
Bon, par contre, les figurants sont en free-style.
Un peu ennuyée que le film « gâche » un des rares chants chrétiens que je trouvais apaisant ^^
Céleste Brunnquell m’a aussi paru très, très juste, c’était loin d’être évident et j’ai pas mal chialé à la fin de ce film.
Sur Babelio, j’ai indiqué avoir fini aujourd’hui de lire le double volume de Franck Thilliez qui rassemble La chambre des morts et La mémoire fantôme. Je l’ai fait a posteriori et un peu au pif. Qu’importe. J’ai aimé que Lucie Hennebelle en soit l’héroïne ; elle a plus d’épaisseur que Sharko (mais pas dans les bouquins dont c’est lui le héros, c’est dommage.) Le sujet de La mémoire fantôme m’a particulièrement fascinée, autant que les révélations au sujet de Lucie. Il y a une sensibilité chez Thilliez qui va au-delà de l’attrait pour des sujets morbides, et dont je lui suis reconnaissante.
6 septembre
Je lance The Nocebo Effect (shadowz) parce que la critique Ecran Large de The Surfer m’empêche d’avoir vraiment envie de le voir (pas la faute de ce qu’ils en disent mais vraiment du fait d’avoir un préavis) et que du coup, deux autres films du réal sur Shadowz, réal qui m’intrigue vu ce qu’on en dit. Je choisis celui-ci parce qu’il y a Eva Green, qui m’aimante depuis Penny Dreadful et qui est la voix de mes « sleep stories » préférées sur Calm.
« J’ai seulement dit que tout ça, c’était dans la tête.
– Qu’est-ce qui n’est pas dans la tête ? »
Comme souvent dans les films « à message », celui-ci s’estompe parce que dilué dans le script habituel du, ou de la, en l’occurrence, shaman qui dévoile la vérité au colon. Comme dans les histoires de sorcières, y compris celles que se racontaient les mâles du Moyen Âge, je me demande toujours pourquoi, si ces gens possèdent autant de pouvoir, ils ne l’utilisent pas au moment critique. Le scénario est émouvant, et je ne doute pas qu’il soit terriblement réaliste. Mais il m’aurait sans doute bien plus bouleversée sans son versant fantastique, car encore une fois, les pouvoirs de la ongo sont si puissants, preuve en est du final, que les événements qui ont précédé sa venue n’ont aucun sens. Un thriller à base d’enlèvement en revanche, même façon Le pharmacien de garde, aurait été hyper percutant.
Good boy (shadowz) ♥♥♥
« Sigrid et Christian se rencontrent via une application. Le charme agit et ils passent une première nuit ensemble à l’issue de laquelle Sigrid fait la connaissance de Frank, le chien de Christian. Problème : Frank est de toute évidence un homme déguisé en animal. »
Rarement vu un film aussi dérangeant ! Zéro gore, garanti.
8 septembre – κάθαρσις
Ma première sélection de cette vidéo était celle que je vais mettre en-dessous. J’ai ensuite hésité avec une version qui ne serait pas celle-ci, donc pas extraite de « Any country got talent ». Et finalement je la garde, parce que nonobstant les réactions absurdes du jury et du public, totalement surjouées, et un poil de mise en scène caméra, c’est juste, trop, trop bien.
Je ne suis pas danseuse, je ne sais pas ce que ça demande, mais la cohérence et la synchronisation de l’ensemble m’ébahissent.
Et en fait, quand tu regardes une version « non européanisée » et « non télévisée » de ce que font ces meufs… putain de nom de dieu.
Je crois que c’est mon côté bizarro-bien-rangée-bien-assimilée qui me fait aimer de toute mon âme ces choré épileptiques, j’ai l’impression qu’elles stimment à ma place et c’est cathartique as hell.
Du coup, j’ai regardé des gens danser :
12 septembre – en attendant Halloween
Ils commencent à mettre les décorations de NOËL en magasin…
Smile 2 (canal +) ♥♥
Alors : ils se sont éclatés sur les make-up, c’est drôle dans le genre cynique, ça fera rire Gwen mais moi j’ai trouvé ça terrifiant à bien des égards.
Personne ne tergiverse, les réactions de l’héroïne sont pas plus connes que ça. Le concept est super, la fin est parfaite. Franchement très bonne découverte, qui me fait dire que les ados peuvent encore construire leurs propres terreurs sur des films de qualité (oui, j’assume de trouver cool que les gens soient traumatisés.)
Question : depuis quand chaque film que j’envisage de voir a minimum deux T Télérama et une critique soft ? Ont-ils mis les bonnes personnes aux bons postes, ou ont-ils décidé de se la jouer bienveillants ?
Et je peux te dire qu’autant moi j’aime beaucoup, autant ces deux T sont invraisemblables quand on voit ce que le mag a dit de Mister Babadook, tellement plus métaphorique qu’aucune comparaison ne tient, mais dont Télérama avait dit : « pff, à qui ça peut bien faire peur ? » Je suis estomaquée.
Abigail (netflix)
Le film est plutôt drôle à plusieurs moments, et très joliment chorégraphié, je dois dire – même les explosions de viscères y sont jouissives -, mais souffre de trop de défauts de scénario pour décoller, ça en fait juste une comédie qui utilise l’humour pour masquer son absence de propos.
Et quel triste, triste rôle pour Giancarlo Esposito.
15 septembre, rêves de Babel
I’m searching for another world
Where I feel safe
Mercredi, je vais à la librairie avec Maloriel. Une expédition à celle de Lannion, parce qu’apparemment ils ont du Murakami et qu’entamant mon troisième roman de l’auteur, il me semble évident que ses récits vont devenir une obsession. Ça a donné une conversation brève mais enthousiaste, à propos de Murakami, Du Maurier, Woolf, T. Quay Tyson et tous les romancier-es qui nous hantent. Très hâte de concrétiser cette sortie entre frangines. Autant te dire que vu comme le monde tourne, j’ai abandonné toute idée de me connecter à l’actu. Pour être une personne utile, et aussi une personne épanouie, j’ai décidé de ne plus me confronter qu’à ce qui me fait réfléchir et avancer. La littérature, donc.
17 septembre – échappées
Retour de la librairie, 130€ dépensés (en Poches, sauf une exception), zéro regrets.
On a pillé le rayon Murakami.
18 septembre, à l’entrée d’une grotte
Oh putain, j’avais plus écouté ça depuis 2021. Les œuvres qui le doivent (re)viennent toujours dans notre vie au bon moment.
Y’a de la chorégraphie épileptique aussi, dans ma tête, sur ce morceau, à partir de 1min42.
19 septembre – Dominos
Blood on her name (shadowz) ♥♥♥
Une « petite » cause qui entraîne une petite cause qui entraîne… et c’est ainsi que nos vies basculent dans ce qui, de l’extérieur, paraît un non-sens total. C’est pourquoi il est si difficile, voire impossible de répondre à la question « mais pourquoi tu as fait ça ? »
Putain cette fin. J’avais pensé à quelque chose comme ça, mais y avoir pensé n’a plus aucun impact une fois que les dominos ont fini de tomber.
(Suis-je la seule, en cherchant un film à regarder ensuite, à trouver absolument immonde l’existence du tag « torture porn » ?)
23 septembre – espaces liminaires
26 septembre, dormir…
27 septembre – affermir
J’achète beaucoup de choses, en ce moment. Des livres, des plantes, des paniers. Chaque objet trouve sa place au cœur de ma citadelle. Je construis un espace au sein duquel je me sens bien. Je ne saurais dire si mon refuge se consolide au fur et à mesure que je grandis et me fortifie, ou si c’est l’inverse.
En ce moment, je travaille avec rigueur et accomplis chaque geste dont j’ai décidé qu’il avait du sens avec une régularité rassurante. Ça n’empêche pas le chaos – je ne veux pas empêcher le chaos. Je veux le… contenir. En faire une force de création plutôt que de destruction. Je… le chevauche, donc. Quelques ajustements à faire, postures à assurer, directions à trouver ou maintenir (pas d’éperons, plus jamais). Mais ça fonctionne, dans l’ensemble.
Le mois prochain, je te parlerai de Haruki Murakami et de Daphné du Maurier, que je lis l’un le matin, l’autre le soir. De l’équilibre (je crois l’avoir trouvé) entre apaisement et renoncement face à des étudiants dont je ne saisis pas qui ils sont ni ce qui les meut. De toutes les choses, peut-être, que j’ai consignées dans mon carnet au cours de ces journées grises et or de septembre.
2 commentaires
J’ai ajouté Sons à ma longue liste. J’avais aussi beaucoup apprécié le sujet de La mémoire fantôme lors de ma lecture et puis les secrets de Lucie, tu as lu les suivants qui la concernent ou pas encore ?
On sent de la sérénité dans ton quotidien…
Je ne sais pas si je les ai lus à vrai dire, j’ai l’impression d’avoir lu tous les Thilliez, mais je crois qu’il faudrait que je reprenne ses sorties dans l’ordre chronologique, pour être sûre. Après tout, ces deux-là ne me disaient rien !
Il y a bien plus de sérénité désormais, oui. Mais ça reste un effort constant, même s’il m’est de plus en plus naturel. Un autre genre de vigilance, on va dire.