Et des frissons d’elles
Apparemment c’était il y a deux ans, le moment où celles du passé ont ressurgi – mais c’était en été.
Je sais pas, en tout cas ce que je vois c’est que ça les prend toutes les deux à peu près en même temps et sans signe avant-coureur, et que ça me laisse toujours aussi perplexe.
Julia, qui m’écrit deux ou trois lignes tous les six mois, s’aperçoit que son fils a joué avec son téléphone et m’a appelée deux fois. Je savais que c’était une erreur, je me suis contentée de vérifier que tout allait bien. Et là, « oh c’est improbable quand même, eh, tu voudrais pas signer cette pétition en faveur des architectes, ça me semble important ! » J’exagère, bien sûr, elle m’a demandé de mes nouvelles et même raconté que notre prof de lettres, celle que j’admirais tellement, l’avais contactée pour un conseil en immobilier. N’empêche que trois whatsapp d’affilée de la part de quelqu’un qui m’a si soigneusement fait comprendre que je n’avais plus de place dans son quotidien, ça réveille en moi un réflexe perfide (entendre : je ne lui ai toujours pas répondu.)
Mylène, qui m’a recontactée il y a deux ans donc (alors que Ju m’envoyait un message plus personnel que les précédents, d’où les deux ans, putain, faut que j’apprenne à écrire), au beau milieu de la nuit parce qu’elle est encore plus alcoolique que moi et qu’elle a l’alcool encore plus exalté que moi, m’écrit avant-hier, toujours à trois heures du mat’, pour savoir en quoi elle a merdé et pourquoi je suis plus là.
Sur le moment, ça a flatté mon égo, même s’il y avait déjà la pointe de ce truc laid, ce « ah oui, maintenant t’as envie de me parler ? Eh ben pas moi. »
Je suis incapable de trancher entre « arrête de te regarder le nombril et réponds-leur » et « réfléchis quand même : est-ce que ça a du sens ? »
J’ai été – je suis toujours à bien des égards – cette fille accro, qui t’aime juste parce que tu la considères. J’ai appris la mesure, je ne confonds plus collègue et amie depuis Valérie. Je fais la différence entre potes et amis également, même si je continue de trouver ça bizarre : à quoi ça sert d’aimer les gens si ce n’est pas jusqu’au bout et en entier ?
Mais ces filles-là, c’est différent. Ju, c’est ma meilleure amie d’adolescence. Des dizaines, peut-être une centaine de lettres échangées alors qu’on se voyait tous les jours. Des coups de fil tous les soirs, une heure au téléphone alors qu’on se voyait tous les jours. Elle était là à mon premier concert de Mylène Farmer !
Mylène, c’est l’unique femme avec qui j’ai couché. C’était pas grandiose hein, au fond je pense pas qu’elle voulait et moi je savais pas ce que je faisais, mais bref c’est la femme avec qui j’ai dormi nue, la femme dont je pourrais redessiner les courbes, celle pour qui j’ai vraiment sorti les griffes, j’ai envoyé chier un connard dans la rue qui nous a tapé sur les mains parce qu’on se les tenait et que ça le dérangeait, et j’ai demandé à sa mère (à Mylène, pas au connard) qui elle était pour me dire que j’étais pas bien pour sa fille, alors qu’elle c’était une pauvre alcoolo toxique qui veillait à la garder sous sa coupe mais surtout pas à l’aider (j’avais dix-huit ans, aujourd’hui promis je commence par employer le dos de la cuiller.)
Donc, quand elles reviennent, Julia et Mylène, qui m’ont abandonnée, larguée sans ambages (et qu’importe si elles avaient leurs raisons, ça n’en rend celles qu’elles ont de revenir que plus impénétrables), je ne sais pas.
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Fin du premier paragraphe : sur le moment = il y a deux ans.
Oui je préfère me commenter que corriger, le double affichage de la date quand je mets à jour un article me donne des sueurs froides !
(ça m’en donnerait aussi, des sueurs froides, les doubles dates)
(les miennes de sueurs froides, c’est tous ces liens morts de manière aléatoire sur mon blog)
J’ai le même rapport à l’autre (si je l’apprécie alors je suis à fond, c’est une évidence et… visiblement pas du tout ; jai appris à me calmer, ce qui veut dire retenir, ce qui veut dire frustrant et épuisant), et le même rapport à l’ami.e qui revient et à qui je laisse la porte ouverte malgré ce qui a pu se passer (mais là encore, je me suis calmée depuis R.).
Je ne te serai d’aucun secours, mais je comprends tellement.
♥
Oh ce sujet résonne tellement en moi… je ne sais pas gérer ce genre de choses. Je suis comme vous, ou il y a quelque chose, ou il n’y a rien. A part avec les personnes qui ne sont (et ne seront) jamais plus, mais une fois qu’un certain stade était passé, je ne comprends pas pourquoi on revient en arrière. Je ne comprends pas pourquoi on me rejette alors qu’il n’y a rien eu, pas de dispute. Donc j’opte maintenant pour ton 2ème choix : est-ce que ça a du sens ?
Même si on veut que ça redevient comme avant, ça n’arrive pas. J’ai essayé ça avec ma dernière amitié foireuse dont j’avais parlé sur mon blog l’an dernier et bien, cette relation est depuis, morte, éteinte comme un feu qu’on a oublié d’entretenir parce que j’étais seule à le faire, même si on m’avait assuré du contraire.
C’est un peu l’impression que j’ai, aussi : elles reviennent, et pourtant c’est à moi d’entretenir. Si je ne réponds pas, ou pas comme espéré, elles repartent. Je comprends (pourquoi s’acharner ?), et en même temps ça m’agace : si t’es revenue, c’est à toi de faire l’effort de me convaincre, non ?